Depuis plusieurs jours, les tunisiens sont dans la rue. La situation économique et sociale est difficile, et la Tunisie doit encore faire face à de nombreux problèmes dans un pays où 30 % des jeunes sont sans emploi.
Dans un tweet envoyé en début de semaine par Max Dana qui connait très bien la Tunisie, la fondatrice du MagkaSama Project exprime sa solidarité avec les tunisiens et leur affirme son soutien :
Sept ans après la chute de #BenAli, la révolution se poursuit en #Tunisie. Les mots 'Travail, liberté, dignité' résonnent encore. Soutien aux Tunisiens, forts et fiers, en quête d'une vie meilleure alors qu'ils font toujours face à de grandes difficultés économiques et sociales.
— Max Dana (@MaxDana) January 14, 2018
Suite au vote de la loi de finances 2018, les tunisiens manifestent contre les nouvelles mesures d’austérité. Alors que l’on fêtait il y a quelques jours les 7 ans de la chute de Ben Ali, la dure réalité a eu raison des célébrations…
Voici ce qu’écrit le chercheur et analyste politique vivant à Tunis Youssef Cherif, dans un article publié par Al-Jazira et relayé par le site Courrier International :
La colère du peuple a enflé face à l’échec de l’ouverture politique [après 2011] et aux erreurs de gestion du gouvernement, qui ne sont plus tolérables […] Les problèmes économiques provoquent la colère dans la rue. Cette colère se transforme en révolte, que les partis politiques manipulent pour conquérir du pouvoir en faisant de fausses promesses. Une fois que ces partis sont au pouvoir, ils ne parviennent pas à résoudre les problèmes économiques. C’est un cercle vicieux.
Du côté du Monde Afrique, la journaliste Charlotte Bozonnet indique dans son article quelques chiffres révélateurs des problèmes que rencontre la Tunisie :
Adoptée le 9 décembre 2017 par l’Assemblée des représentants du peuple, la loi prévoit une augmentation de la TVA d’un point, mais aussi des hausses de taxes sur certains produits essentiels. L’alourdissement général de la fiscalité intervient dans un contexte déjà marqué par une inflation galopante (6 %), qui a érodé le pouvoir d’achat des Tunisiens, et par un taux de chômage très élevé (30 % chez les jeunes).
Une situation que confirme dans le même article Michaël Ayari, spécialiste de la Tunisie au centre de recherche International Crisis Group (ICG) :
Les gens se sentaient appauvris mais sans pouvoir désigner de responsable. Le budget a été un déclencheur […] Le pays n’a pas réussi à proposer un nouveau modèle de développement.
Charlotte Bozonnet indique aussi que la Tunisie reste une économie fermée, que les autorisations administratives sont difficiles à obtenir, de même que l’accès au financement pour les PME. Un fonctionnement bureaucratique qui semble une fois encore bénéficier aux élites, ce que confirme l’économiste Radhi Meddeb :
Changer de modèle implique de modifier les conditions de production et de distribution de la richesse. Toute réforme a des gagnants et des perdants. Aujourd’hui, les potentiels perdants sont ceux qui profitaient du système antérieur. Ils sont puissants et très mobilisés
Le site Nawaat revient aussi sur les récents événements. Vous pouvez lire l’article en anglais sur cette page. The Guardian a lui aussi publié un article et explique comment la pression mise par le Fond Monétaire International (FMI) pour que des réformes soient faites en Tunisie, contribue à la situation actuelle et accentue la précarité et les inégalités dans le pays. A lire en anglais sur cette page.