Nous vous en parlions il y a quelques jours dans cette news : le film documentaire ‘Tunisie, les voix de la révolution‘ de Marc Ball et Karim Miske, produit par #5Bis Productions et diffusé mardi dernier sur la chaine ARTE, nous plonge au coeur de l’histoire tunisienne et du travail de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), créée en 2014.
Chargée de recueillir la parole des victimes de la dictature et d’amener les bourreaux à reconnaître leurs actes, l’IVD s’occupe de l’instruction des dossiers et de la recherche des preuves afin que les victimes puissent obtenir justice pour les exactions commises entre 1955 et 2013, de Habib Bourguiba à Zine El Abidine Ben Ali.
Le documentaire présente de nombreux témoignages, des images d’archives et leurs démarches de l’IVD pour mener à bien leur mission. Si vous n’avez pas pu voir le documentaire, il est disponible en streaming replay jusqu’au 26 février sur le site d’ARTE et il sera rediffusé dans la nuit du 7 mars 2018.
Un passionnant aperçu d’une transition démocratique qui ne tient pas ses promesses. Née avec la révolution tunisienne, l’Instance Vérité et Dignité est chargée de recueillir la parole des victimes de la dictature et d’amener les bourreaux à reconnaître leurs actes. En 2014, trois ans après la chute du régime de Ben Ali, la nouvelle Constitution tunisienne instaure le principe d’une “justice transitionnelle” : créée dans la foulée, l’Instance Vérité et Dignité (IVD) est chargée de recueillir les témoignages des victimes de la dictature, d’évaluer la nature des réparations pour les exactions commises entre 1955 et 2013, et d’amener les bourreaux à reconnaître leurs actes. Un chantier titanesque, dont ce film, nourri de nombreux témoignages, documente le quotidien. Jour après jour, hommes et femmes viennent raconter, souvent avec beaucoup d’émotion et de dignité, comment l’État tunisien a brisé leur vie et celle de leurs proches, banalisé la torture et fait de chacun un suspect potentiel. Le film documentaire suit aussi une équipe mobile dans le Sud, à Ouled Chraït, le village de Lazhar Chraïti, l’un des putschistes exécutés en 1963 par Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante. Ses habitants vivent dans le plus grand dénuement, car les brimades du régime s’exerçaient parfois à l’encontre de provinces entières. Le film documentaire replonge dans le passé, retraçant à l’aide d’archives la prise du pouvoir de Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali, et les espoirs, vite déçus, qu’ils ont suscités tour à tour. Il expose aussi les difficultés et les pressions subies par l’IVD depuis l’arrivée au pouvoir, fin 2014, de Beji Caïd Essebsi, disciple de Bourguiba qui fut ministre de l’Intérieur sous son long règne, puis de l’instauration de l’état d’urgence suite à la vague d’attentats. Dans ce contexte moins favorable, les dirigeants de l’IVD redoublent de détermination. Au total, quelque 65 000 dossiers leur ont été confiés à ce jour…
