Le mois dernier nous avons publié un long Edito intitulé : Denis Mukwege et l’avenir de la RD du Congo dans lequel nous vous faisions part de nos inquiétudes (récurrentes) face à la situation économique, sociale et politique dans laquelle s’enlise inexorablement la RDC.
Il y a quelques jours, le Docteur Denis Mukwege revenait à la charge en faisant des déclarations publiées sur le site Politico.cd :
On perçoit la gravité de la situation, mais ne voit pas que faire. Entre ceux qui pensent que les élections peuvent attendre et ceux qui pensent qu’elles doivent avoir lieu rapidement, il y a un fossé qu’il faut essayer de combler […] Ceux qui veulent donner un nouveau répit au régime, ce sont des gens qui n’aiment pas les Congolais […] Dans les Kivus, depuis la guerre dite de Libération, il y a des populations qui n’ont jamais connu la paix… A ce stade, faute d’élections aux différents niveaux, aucune personnalité politique n’est légitime.
Un constat accablant que le célèbre gynécologue fait sans détour, en soulignant que si rien ne change, l’avenir du pays et de sa population risque de s’assombrir encore plus :
Nous avons passé vingt ans dans une guerre menée pour le contrôle du coltan. Si cette situation se prolonge, nous allons assister à une autre guerre, menée pour le contrôle du cobalt
Des déclarations renforcées par le récent rapport publié par The Sentry qui détaille ‘comment une banque liée au président congolais a permis aux bailleurs de fonds du Hezbollah de contourner les sanctions américaines‘ :
Les banques utilisées par les gouvernements kleptocrates pour détourner les actifs publics peuvent également être mises à profit par les réseaux de financement du terrorisme. C’est ce qui s’est produit dans une grande banque de la République démocratique du Congo. Par son intermédiaire, des entités et individus faisant l’objet de sanctions imposées par les États-Unis, au sujet de Hezbollah, ont déplacé des fonds au sein du système bancaire international, bien que les employés de l’établissement aient averti à plusieurs reprises que de telles opérations pouvaient violer le régime de sanctions américain. Or il ne s’agissait pas de n’importe quelle banque. La BGFIBank République démocratique du Congo (BGFIBank RDC), l’institution ayant procédé aux transactions en question, est dirigée par le frère du président Joseph Kabila.
Alors que tout le pays, soutenu par la communauté internationale, attend que le Président de la RDC tienne son engagement d’organiser de nouvelles élections, l’entourage de Joseph Kabila est de nouveau pointé du doigt par ce rapport de The Sentry.